Monsieur Thomas ROBARDET-CAFFIN
Soutiendra samedi 11 décembre 2021 à 13 h
Salle des Colloques 1 à l’Université Paul-Valéry Montpellier 3, Site Saint-Charles 1
une thèse de DOCTORAT
Discipline : Architecture
Titre de la thèse : Du manse à la place-forte, ou de l’architecture d’origine féodale dans la région du Pic Saint-Loup, du XIIe au XVIIe siècle
Composition du jury :
- M. Nicolas FAUCHERRE, Professeur, Université d’Aix-Marseille
- Mme Florence GUILLOT, Docteure, Université Toulouse Jean-Jaurès
- Mme Géraldine MALLET, Professeure, Université Paul-Valéry Montpellier 3, directrice de thèse
- M. Hervé MOUILLEBOUCHE, Maître de conférences habilité, Université de Bourgogne
- M. Alain SALAMAGNE, Professeur, Université de Tours
- Mme Catherine TITEUX, Maîtresse de conférences, ENSA Montpellier, codirectrice de thèse
- M. Thierry VERDIER, Professeur, Université Paul-Valéry Montpellier 3
- Mme Géraldine VICTOIR, Maîtresse de conférences, Université Paul-Valéry Montpellier 3
Résumé de la thèse
Au XIIe siècle, la répartition des biens nobles dans le diocèse de Maguelonne se stabilise. Les fiefs sont généralement répartis sous l’autorité comtale de Mauguio Montferrand ou dans le temporel épiscopal. Manse et castrum ne sont des cadres dans lesquels se déclinent une infinité de réalités architecturales. La mise en valeur des terres, partiellement visible dans les textes, a durablement marqué les roca et les collines. Les murs de soutènement et les enclos en pierres sèches sont les principales traces de ces exploitations. Le relevé et le dessin ont révélé un environnement densément travaillé, structuré jusque dans les pentes les plus fortes autour des sites. La proximité du monde agricole est pastorale avec l’habitat, qu’il soit seigneurial ou paysan, et constante. La nature et la densité de ces constructions sont extrêmement variables d’un site à l’autre. À Mirabel, le château est presque gommé par l'habitat. Inversement, les deux tours du castrum de Claret sont monumentales. De manière récurrente, les maisons sont structurées sur deux niveaux, uniques pièces de l’habitat. Les caractéristiques architecturales permettant de distinguer l'habitat aristocratique de l’habitat paysan sont parfois minces. A Montferrand et à Laroquette, les maisons de milites castri sont néanmoins reconnaissables par le soin de leurs maçonneries.
Les castra et les manses, qui se développent durant le XIIe siècle et la première moitié du XIIIe siècle, ont recours à des dispositifs de défense rudimentaires. Les seigneurs disposant de moyens importants concentraient la fortification sur les points stratégiques du site, peu protégés par le relief : le système du mur bouclier. La tour est aussi une fortification ponctuelle, parfois la seule de tout le site comme aux mas de Bras, de Cairol ou à Montredon. Elle constitue le bâtiment fort, symbole du fief et du clan, tant utilisé au cœur des castra que des manses. Ces tours servent parfois de grenier et sont aménagées de sorte à ventiler les denrées. Le XIIIe siècle introduit une architecture castrale monumentale. Loin de stopper une manière de construire locale, elle s’insère au milieu de castra et de manses encore en pleine activité.
Le chantier entrepris au début du XIIIe siècle à Montferrand est colossal. En utilisant un vocabulaire architectural neuf et imposant, au cœur de son château, le comte de Toulouse renforce son autorité sur un territoire qu’il entend unifier. Ces édifices ostentatoires profitent finalement aux évêques de Maguelone qui reprennent le comté en main. Ces derniers, disposant d’un outil de domination et de pouvoir démesuré, le château de Laroquette est reconstruit au milieu du XIIIe siècle par l’autorité royale. Il s’agit de saper l’autorité comtale.
La guerre de Cent Ans et le besoin de protection imposé par les routiers organisés et armés, font basculer la fortification dans une nouvelle logique d’efficacité. Le castrum disparait et laisse place au fort-villageois, plus protecteur que le château du seigneur ou que l’unique tour du manse. Les sites perchés, peu adaptés au changement d’époque, sont progressivement abandonnés ou délocalisés dans la vallée.
Au XVIe et au début du XVIIe siècle, les guerres de Religions, entraînent un bouleversement d’usage dans certains sites. Le château haut de Montferrand est transformé en caserne, un projet de bastionnement est entrepris dans les parties basse de la place. Les enceintes médiévales peu adaptées, doivent être remplacées par des fortifications modernes mais le chantier est avorté. Dans une moindre mesure, à Tournemire, l’ancien forcia qui devient un lieu de refuge est adapté. La prise de Montpellier en 1622 signe la fin du dernier rôle stratégique des sites fortifiés du Pic-Saint-Loup. Le positionnement perché lié à un impératif de domination féodale n’a plus de raison d’être. Les sites sont progressivement abandonnés ou délocalisés