Soutenance de thèse

Le Mardi, 6. décembre 2022 -
14:00 - 19:00
Site Saint-Charles

Mme Sylvie BRIAND

Soutiendra mardi 6 décembre 2022 à 14 h

Salle du Conseil à l’Université Paul-Valéry Montpellier 3, Site Saint-Charles 1

une thèse de DOCTORAT

Discipline : Histoire spécialité Histoire contemporaine

Titre de la thèse : Noircir le Levant, blanchir Ibn Saoud : une étude analytique du discours de la presse française et anglo-saxonne sur le Moyen-Orient entre 1914 et 1953

Composition du jury :

  • M. Antoine COPPOLANI, Professeur, Université Paul-Valéry Montpellier 3, directeur de thèse
  • M. Henry LAURENS, Professeur, Collège de France
  • Mme Nadine MÉOUCHY, Ingénieur de recherche, experte
  • Mme Odile MOREAU, Professeure, Université Paul-Valéry Montpellier 3
  • M. Pierre RAZOUX, habilité, Directeur académique et de la recherche de l’institut FMES à Toulon

Résumé de la thèse

Cette thèse étudie les représentations du Moyen-Orient dans la presse française et anglo-saxonne à partir de la Première guerre mondiale jusqu’à la mort du fondateur de l’actuel royaume saoudien, Abdelaziz Ibn Saoud, en 1953. Il s’agit de montrer à travers une analyse de textes la dichotomie des représentations médiatiques entre un Orient dit du désert, peuplé de bédouins « libres et authentiques » et dont Ibn Saoud devient l’incarnation idéale au moment de sa conquête de l’Arabie centrale, et un Orient du Levant (Palestine, Liban, Syrie), plus éduqué et urbanisé mais dont la population hétérogène est jugée corrompue, fanatique, et incapable de s’administrer sans l’arbitrage d’une puissance tutélaire. S’inspirant en partie des travaux d’Edward Saïd qui estime que l’essentialisation de l’Orient par les Occidentaux a contribué au processus de domination de cette région, cette thèse s’attache à montrer que la presse a élaboré au moins deux discours sur le Moyen-Orient au gré des crises régionales mais aussi des rivalités franco-britanniques et de leurs propres divergences internes : l’un plutôt bienveillant et idéalisé concernant Ibn Saoud, le conquérant d’une vaste région que l’on ne sait pas encore riche en pétrole, et l’autre le plus souvent négatif concernant le Levant qui cherche à s’émanciper de la tutelle française ou britannique. Dans un premier temps, cette thèse cherche à comprendre l’origine de la représentation européenne des nomades arabes et du « wahhabisme », l’idéologie officielle des Al Saoud, ainsi que celle des Levantins et chrétiens d’Orient, en particulier lors des massacres de 1860, en se basant sur les textes de voyageurs, missionnaires et journalistes. Le texte étudie ensuite l’apport du mythe de « Lawrence d’Arabie » et des écrits d’Harry St John Philby dans la représentation arabe avant d’aborder l’analyse de la représentation d’Ibn Saoud dans la presse, notamment au moment de l’annexion du royaume hachémite du Hedjaz (1925). Cette étude de centaines d’articles de la presse française, britannique et américaine concernant l’Arabie des Saoud se fait en parallèle avec celle des deux événements les plus médiatisés du monde arabe de l’entre-deux-guerres : la grande révolte syrienne (1925-1927) et les émeutes sanglantes de 1929 en Palestine. Bref, il s’agit non seulement de comprendre comment et pourquoi de grands quotidiens en sont venus à diviser le Moyen-Orient entre « bons » et « mauvais » Arabes (ou entre « vrais » et « faux » Arabes comme l’écrit Thomas E. Lawrence à propos respectivement des bédouins et des populations levantines), mais aussi de mettre en lumière les traces qu’a pu laisser une telle idéalisation de la figure d’Ibn Saoud dans l’Arabie saoudite d’aujourd’hui.

Dernière mise à jour : 04/11/2022